lundi 13 mai 2013

CD : Intégrale des enregistrements HMV d’Adrian Boult de l'oeuvre de Ralf Vaughan Williams




Oui, la musique symphonique britannique existe bel et bien. Son champion a pour nom Sir Ralf Vaughan Williams (1872-1958). Injustement négligé en France, ce dernier composa neuf symphonies entre 1910 et 1958, n’attribuant néanmoins de numéro qu’aux deux dernières, et en dotant quatre autres d’un titre. Sir Adrian Boult (1889-1983), l’un des plus grands chefs d’orchestre de sa génération, a sa vie durant dirigé avec passion cette musique, l’imposant partout où il le pouvait. Les deux hommes s’étaient rencontrés à l’Université d’Oxford entre 1908 et 1912. Boult y avait notamment chanté dans le chœur de la deuxième exécution de la première symphonie de Vaughan Williams, A Sea Symphony, qui a également été la première œuvre qu’il a dirigée comme chef professionnel, avec le London Symphony Orchestra. Par la suite, il créera les Troisième, Quatrième et Sixième Symphonies, et Vaughan Williams lui dédiera son ballet Job.

Boult enregistra nombre d’œuvres de Vaughan Williams à plusieurs reprises, dont deux intégrales des symphonies : la première dans les années 1950 (Symphonies 1 à 8 pour Decca et, après la mort du compositeur, la n° 9 pour Everest) avec le London Philharmonic Orchestra, la seconde partagée entre le London Philharmonic Orchestra et le New Philharmonia Orchestra pour EMI. Cet éditeur a choisi de réunir en un gros coffret de treize disques ces ultimes versions, captées entre 1967 et 1975. Mais il s’y trouve également des enregistrements des années 1940 et 1950, comme le Concerto pour violon et orchestre avec Yehudi Menuhin, Flos Campi avec William Primrose à l’alto solo et la version pour chœur de la Sérénade à la Musique. Le cœur du coffret est cependant constitué par les symphonies. S’agissant du second cycle réalisé par Boult au disque, la longue expérience du chef britannique des œuvres de son ami et compatriote s’impose tout au long de ces pages comme toujours plus saisissantes, que ce soit dans la puissance implacable de la Quatrième, le développement extraordinaire de limpidité de la Cinquième ou le respect des aspirations symphoniques de la Sinfonia Antartica sans annihiler pour autant l’essence programmatique de l’œuvre.

Mais ce qui est peut-être la grande réussite de ce coffret, et sans doute le plus grand des enregistrements des dernières années de la carrière de Boult, est son interprétation de The Pilgrim’s Progress, l’un des six opéras de Vaughan Williams, qui aura mis trente ans pour en arriver à bout, et dont il s’agit ici du premier enregistrement complet. Quelle que soit sa portée dramaturgique, la partition réunit quelques-unes des plus belles pages du compositeur, tandis que Boult donne à la partition entière une ampleur unique. Son approche de Job est tout aussi exemplaire, à l’instar des interprétations de la Fantaisie sur un Thème de Thomas Tallis, de la version seize voix de la Sérénade à la Musique et de In the Fen Country, Mais tout serait à citer tant les réussites sont nombreuses...

Le coffret que propose EMI est un veritable trésor pour qui souhaite découvrir deux acteurs majeurs de la musique britannique du XXe siècle, Sir Adrian Boult et Sir Ralf Vaughan Williams, l’un des grands symphonistes du siècle passé. Les perles sont innombrables, et les solistes sont parmi les plus grands des années 1940 à 1975 (Yehudi Menuhin et William Primrose déjà cités, Sheila Armstrong, Margaret Price, Norma Burrowes, Ian Partridge, Kenneth Bowen, John Noble, Raimund Herincx, John Shirley-Quirk, Robert Lloyd…).

Bruno Serrou

13 CD EMI 50999 9 03567 2 8 Stereo/Mono ADD

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