vendredi 2 décembre 2011

Une dixième symphonie perfectible clôturait au Théâtre du Châtelet l'"intégrale Mahler 2010-2011" de l'Orchestre National de France et Daniele Gatti (1er décembre 2011)
Déception hier soir au sortir du Châtelet à l'issue de l'ultime volet de l'intégrale Mahler de l'Orchestre National de France et de son directeur musical Daniele Gatti. Commencé en fanfare la saison dernière en ce même théâtre avec un flamboyant Klagende Lied, poursuivi avec de grands moments (les Sixième et Neuvième) entrecoupés de rendez-vous moins convaincants (les Première et Quatrième), le cycle s'est conclu sur la Dixième Symphonie en fa dièse majeur laissée inachevée par Mahler à l'exception des premier et troisième mouvements mais proposée ce soir dans l'ultime réalisation de Deryck Cooke. N'ayant guère eu de répétitions (la première lecture s'est tenue trois jours avant ce concert), l'orchestre, qui ne l'avait jamais jouée dans son intégralité, n'a pas vraiment acquis la maîtrise technique idoine (l'œuvre, qui fait amplement appel à la virtuosité pour des instrumentistes jouant souvent à découvert, les tutti étant rares), avec de trop nombreuses fautes de cuivres, tandis que Gatti n'a pas réussi à donner d'unité à son discours, étirant excessivement les tempos (quatre-vingt minutes au lieu de soixante-dix) dans une partition souvent découpée en plans séquences mais à laquelle il convient de donner une totale cohésion, de ton et de style, guère évidente à atteindre, tandis que les immenses cris de douleur aux deux-tiers du mouvement initial (trois énormes clusters) et dans les dernières mesures du finale, aux seules cordes, dans l'extrême aigu, deux appels du compositeur à Alma et à la vie qui s'enfuit, n'ont pas été assez appuyés, au point de ne pas bouleverser l'auditeur. L'ONF et Gatti partent en tournée avec les Neuvième et dixième la semaine prochaine. Gageons que cette dernière Symphonie sera plus tenue, et que les auditeurs de France Musique auront ainsi la chancetd'ecouter une interprétation accomplie de cette œuvre déchirante, le concert du Châtelet n'ayant pas été diffusé en direct, mais seulement enregistré dans l'attente du resultat des deux concerts à l'étranger.
Bruno Serrou

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