lundi 5 décembre 2011

Concert Helmut Lachenmann passionnant de l'ensemble Aleph
(Théâtre Dunois, vendredi 2 décembre)
Concert de l'ensemble Aleph vendredi Théâtre Dunois, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Cet ensemble de virtuoses épris de création en résidence en ce petit théâtre de quartier aux gradins raides et durs qui se font les ennemis des fessiers les plus fermes en moins de vingt minutes, propose depuis sa création en 1983 des programmes exigeants et audacieux que fort peu d'ensembles de musique contemporaine osent concevoir. Aussi ne pouvait-on qu'être attristé de constater l'absence d'Helmut Lachenmann, à qui ce concert monographique était consacré, alors que l'avant-veille l'immense compositeur allemand avait honoré de sa présence l'Ensemble Intercontemporain qui donnait Cité de la musique l'une de ses œuvres. Devant une petite cinquantaine de spectateurs de toute évidence singulièrement connaisseurs et fidèles auditeurs d'Aleph, ce sont trois œuvres chambristes balayant trente ans de production lachenmannienne qui ont été présentées. Trio fluido pour clarinette, alto et percussion (1966-1967), représentants des trois grandes familles instrumentales (vents, cordes, percussion) est encore encrée dans la tradition, jouant sur les qualités intrinsèques des instruments, qui restent parfaitement identifiables, du moins jusqu'à mi-parcours. Car, dès lors, le ton et les couleurs changent porteurs des spécificités de l'écriture du Lachenmann de la maturité, les instruments se dépouillant soudain de leurs caractères propres pour fusionner dans un brouillard de sons et de timbres singulièrement raffiné. La seconde pièce était semble-t-il donnée en première audition française dans sa version révisée en 2009, après l'expérience opératique de La petite fille aux allumettes sur lequel il travailla plus de vingt ans (1979-2000). ...got lost... est en effet à l'origine de la première partition vocale de Lachenmann, qui l'a retravaillé en 2009. Monica Jordan (voix) et Sylvie Drouin (piano) ont interprété avec un bonheur partagé, chacune jouant de tous les moyens expressifs vocaux et instrumentaux, du bruit de bouche au chant, en passant par le souffle, le sifflement, le râle, les onomatopées, la parole, le cluster, la résonance, etc., les textes alternant en vingt-six minutes l'allemand, le portugais et l'anglais. Une œuvre passionnante remarquablement interprétée. À l'instar de la troisième, Allegro sostenuto pour clarinette, piano et violoncelle (1986-1988). Malgré ses 35mn, on ne sent pas le temps passer, tant l'oeuvre est variée et dramaturgique. Les musiciens (Dominique Clément, Sylvie Drouin et Christophe Roy) ont joué à la perfection sur tous les registres, fondant leurs timbres, se détachant, jouant des processus de construction, de destruction et de transformation avec raffinement, exaltant des sons inouïs, avec une maîtrise exemplaire.

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