jeudi 29 septembre 2016

CD : Martha Argerich et Itzhak Perlman, rencontre au sommet de deux géants dans Schumann, Brahms et Bach


Deux géants de leur génération se retrouvent pour la première fois réunis sur un même support discographique, Martha Argerich et Itzhak Perlman. Avant la réalisation de ce CD, la pianiste argentine et le violoniste états-uniens s’étaient produits ensemble une seule fois, le juillet 1998à New York, Saratoga Performing Arts Center. Ce soir-là, ils avaient joué la Sonate pour violon et piano n° 1 en la mineur op. 105 que Robert Schumann a composée en 1851. Un petit quart d’heure de musique heureusement capté live, préservé et publié ici pour la toute première fois. Il est complété par trois œuvres enregistrées en studio fin mars 2016 à Paris, Salle Colonne, une semaine avant le concert de Perlman à la Philharmonie (voir http://brunoserrou.blogspot.fr/2016/04/itzhak-perlman-radieux-attire-les.html). Argerich, qui avait enregistré les deux sonates de Schumann avec Gidon Kremer pour DG, trouve en Perlman un partenaire du même acabit, les deux musiciens suscitant de ces pages passionnées une interprétation flamboyante et chaleureuse, les deux artistes exaltant un plaisir de jouer ensemble particulièrement contagieuse.

Photo : (c) Jean-Baptiste Millot / Warner Classics

Les Trois Fantasiestücke pour violon et piano op. 73 de 1849 du même Robert Schumann sont à l'origine pour clarinette et piano. Mais il existe également des transcriptions pour violon, alto et violoncelle. Toutes ces associations ont leur cachet, même si naturellement la couleur si caractéristique de l’instrument à anche est plus chaude et mélancolique que les autres, à l’exception de l’alto, qui est dans le même registre que la clarinette. Ce que font ici Argerich et Perlman est d’une pureté absolue. L’entente entre les deux musiciens est tout aussi éclatante dans le Scherzo de la Sonate F-A-E que Schumann commanda à Johannes Brahms en 1853 et que le duo transcende.

Photo : (c) Jean-Baptiste Millot / Warner Classics

La dernière œuvre du programme peut constituer en en soi une surprise, mais elle s’avère en fait une sorte de référent. Il s’agit en effet de la Sonate pour clavier violon n° 4 en ut mineur BWV 1017 de Jean-Sébastien Bach, en fait une pièce tirée des sonates en trio écrites par le futur Cantor à Cöthen, que Martha Argerich interprète pour la première fois. L’on y trouve dans le largo du mouvement initial le thème de l’aria Erbarme dich que Bach reprendra et développera à Leipzig  dans sa Passion selon saint Matthieu. Du violon de Perlman émane une lumière incandescente rehaussée par le piano céleste d’Argerich.

Un disque enchanteur à se procurer coûte que coûte.

Bruno Serrou

1 CD Warner Classics 0190295937898. 50mn 58s. Enregistré en 1998 et 2016. 

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