dimanche 26 juin 2016

Le compositeur Charles Chaynes est mort vendredi 24 juin 2016 à l’âge de 90 ans

Charles Chaynes (1925-2016) à sa table de travail en son domicile de Saint-Mandé (Val-de-Marne). Photo : DR

« Dans ma vie, dans toutes mes œuvres, j’entrouvre une fenêtre vers un horizon d’espoir et de lumière », déclarait Charles Chaynes en 1995. Ce musicien d’une grande disponibilité, profondément humain, au fort accent de terroir pyrénéen, est resté fidèle à lui-même toute sa vie, sans jamais céder aux variations du vent musical, tout en se montrant ouvert à toutes les écoles et tendances, qu’il programmait sans restrictions autres que qualitative comme directeur de France Musique et qu'il se plaisait à commander dans le cadre de ses fonctions de responsable des commandes des formations musicales de Radio France. Il est mort à Saint-Mandé (Val-de-Marne) vendredi 24 juin 2016.

Charles Chaynes (1925-2016); Photo : (c) Guy Vivien

Charles Chaynes est né à Toulouse le 11 juillet 1925 de parents musiciens, tous deux professeurs au Conservatoire de la capitale languedocienne, qui lui donnent ses premières leçons de violon et de théorie. Il poursuit ses études au Conservatoire de Toulouse, puis, à partir de 1942, au Conservatoire de Paris, où il obtient ses premiers prix de violon, d’harmonie, de fugue, et de composition dans les classes de Darius Milhaud et de Jean Rivier. En 1951, il remporte le Premier Grand Prix de Rome. Pensionnaire de la Villa Médicis de 1952 à 1955, il retrouve à son retour à Paris Marius Constant, qui l’appelle auprès de lui à la direction de France Musique qu’il vient de créer au sein de l’ORTF. En 1965, il reçoit le Grand Prix de la Ville de Paris. Directeur de France Musique jusqu’en 1975, il devient cette année-là chef du Service de la Création musicale à Radio France, fonction qu’il occupe jusqu’en 1990. Lauréat du Concours Prince Rainier de Monaco et de la Tribune Internationale des Compositeurs de l’Unesco pour sa pièce pour soprano et orchestre Pour un monde noir en 1979, il est élu à l’Académie des Beaux-Arts en novembre 2005 au fauteuil précédemment occupé par son mentor Marius Constant. Au sein d’un catalogue comptant des œuvres de musique de chambre et d’orchestre, se détachent cinq opéras, Erzsebet (1982), Noces de Sang (1986), Jocaste (1992) et Cecilia (1998). Sa cinquième partition lyrique, Mi Amor sur un livret d’Eduardo Manet, a été créée au printemps 2007. « J’ai toujours été influencé par le dodécaphonisme, reconnaissait-il. Cela dit, ma principale préoccupation a été d’écrire une musique expressive. J’écris en fonction d’une ligne vocale en me préoccupant de la clarté de l’expression. »

Charles Chaynes (1925-2016)  en 1968. Photo : DR

Sa carrière est jalonnée de nombreux prix et récompenses : Grand Prix Musical de la Ville de Paris (1965), Prix du Disque de l’Académie du disque français (1968, 1970, 1975, 1981), Grand Prix du Disque de l’Académie Charles Cros (1984), Orphée d’Or de l’Académie du Disque Lyrique (1996, 2003), Prix Ciano del Duca de l’Académie des Beaux-Arts (1998). « … Sa technique d'écriture est marquée par une profonde indépendance. La recherche de sonorités, les combinaisons de timbres toujours renouvelées, sont une constante de sa production. Il a compris le sens des recherches de son temps en y apportant sa contribution avec une vive invention… », écrivait Claude Rostand dans le Dictionnaire de la musique contemporaine

Voilà tout juste dix ans, j'avais passé quatre jours en son domicile de Saint-Mandé en compagnie d'une équipe de tournage pour l'interviewer treize heures durant pour les archives filmées de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA) pour la collection Musique Mémoire, document qui n'a finalement jamais été monté et qui reste de ce fait en l'état de rushes, l'INA ayant cessé cette série co-produite par la SACEM, le Ministère de la Culture et la SACD, au terme de ce tournage, le nouveau Président de l'INA nommé à l'époque ayant décidé de ne plus constituer d'archives pour consacrer son entreprise aux seules collecte et numérisation des archives des chaînes de télévision publiques... Et l'on sait combien lesdites chaines s'inréressent à la création musicale...

Bruno Serrou

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