mardi 4 mars 2014

Mort du chef d’orchestre suisse Karl-Anton Rickenbacher à l’âge de 73 ans

Karl-Anton Rickenbacher (1940-2014). Photo : DR

Le chef d’orchestre suisse Karl-Anton Rickenbacher est mort vendredi 28 février des suites d’une crise cardiaque. Il excellait tout autant dans le répertoire symphonique qu’à l’opéra et dans la création contemporaine. Il était entre autres un éminent spécialiste de l’œuvre de Richard Strauss, dont il a enregistré nombre de premières mondiales discographiques réalisées à Berlin, Bamberg et Munich entre 1997 et 2000 et réunis en quatorze CD par le label Koch Schwann sous le titre The Unknowned Richard Strauss, disques qui devraient connaître un réel succès en cette année du cent-cinquantenaire de la naissance du compositeur bavarois. 

Né à Bâle le 20 mai 1940, Rickenbacher avait fait ses études musicales au Conservatoire de Berlin et avait suivi des master classes de Herbert von Karajan et de Pierre Boulez. Sa carrière commence au début des années soixante. Il fait ses débuts au RIAS de Berlin avant d’être nommé chef assistant à l’Opéra de Zurich en 1966. De 1969 à 1974, il est premier chef à l’Opéra de Fribourg-en-Brisgau, puis est nommé directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Westphalie à Recklinghausen pendant dix ans, de 1976 à 1985. Entre 1978 et 1980, il est chef permanent du BBC Scottish Symphony Orchestra à Glasgow. En 1987, il est premier chef invité de l’Orchestre Philharmonique de la BRT à Bruxelles. Il a créé des œuvres de Werner Egk, Jean Françaix, Roger Tessier. Il a enregistré La Transfiguration de notre Seigneur Jésus Christ d’Olivier Messiaen pour Koch Schwann, label pour lequel, à l’instar d’Hyperion, il a gravé un vaste répertoire d’œuvres plus ou moins connues de Beethoven, Liszt, Wagner, Brahms, Bruckner, Grieg, Mahler, Richard Strauss, mais aussi de compositeurs moins courus comme Spohr, Nicolaï, Humperdinck, Zemlinsky, Hindemith, Milhaud, qui lui valut un Grand Prix du Disque, Hartmann (Cannes Classical Award), Jacobi…

Outre sa grande culture et sa profonde connaissance des partitions, Rickenbacher était connu pour son humilité, sa simplicité et une gentillesse rare dans cette profession à l’ego volontiers surdimensionné. Le magazine Musical America avait écrit à son propos lors de sa première apparition aux Etats-Unis en 1989 : « Rickenbacher a la profondeur musicale et la façon de creuser les partitions de Klemperer, le regard de Boulez pour le détail, l’enthousiasme et l’énergie qui caractérisent Karajan à son meilleur. »


Bruno Serrou

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