vendredi 25 octobre 2013

La musique russe sied à l'Orchestre de Paris et Paavo Järvi

Paris, Salle Pleyel, jeudi 24 octobre 2013
Paavo Järvi. Photo : DR

Soirée russe hier à l’Orchestre de Paris, Salle Pleyel, avec trois partitions célèbres qui ont permis de retrouver une phalange en super forme avant son départ de Paris pour une tournée d’une douzaine de jours en Extrême Orient, Vietnam et Japon, avec une dizaine d’œuvres au programme.

Orchestre de Paris. Photo : (c) A. Deniau, DR

Pour ce premier concert de la saison 2013-2014 auquel j’aurai assisté, l’Orchestre de Paris m’est apparu plus éblouissant que jamais. La fusion directeur musical / musiciens semble désormais absolue, tant il est évident que les membres de la première formation symphonique parisienne sont heureux de se produire ensemble sur le plateau de Pleyel, leurs visages radieux trahissant un indubitable bonheur de jouer. Cela dès l’ouverture de Rouslan et Ludmilla de Mikhaïl Glinka, œuvre fondatrice de la musique russe dont les mélodies limpides et délectables amalgamant musique populaire russe (le piano et la harpe en imitation du gousli) savante occidentale (le Barbier de Séville de Rossini) sont apparues comme un délicieux hors-d’œuvre, jouées avec un plaisir patent par l’Orchestre de Paris.

Yefim Bronfman. Photo : DR

Plus populaire encore quant à la notoriété, le célébrissime Concerto n° 1 pour piano et orchestre en si bémol mineur op. 23 de Piotr Ilyitch Tchaïkovski a chanté comme rarement sous les doigts d’acier enrobés de gants de velours de Yefim Bronfman, dont la puissance contenue a suscité de la part du public une volée d’applaudissements dès la fin de l’Allegro initial, comme c’est souvent le cas à la fin du scherzo de la Sixième Symphonie du même Tchaïkovski. Les sonorités exaltées avec une dextérité à toute épreuve par le pianiste israélien d’origine russe se sont formidablement combinées à celles de l’Orchestre de Paris. Jouant sans pathos ni effusion, le geste d’une simplicité exemplaire, Bronfman a donné de l’œuvre une interprétation sereine et noble remarquablement sertie par l’Orchestre de Paris dont les pupitres solistes ont rivalisé de chaleur et de précision avec le pianiste. Ce dernier a ensuite offert à un public avide deux bis, une féerique Etude de Frédéric Chopin et, surtout, un diabolique final de la Sonate pour piano n° 7 op. 83 de Serge Prokofiev emporté en un crescendo d’une intensité à couper le souffle et une virtuosité à toute épreuve…

… Un finale de sonate dantesque qui aura préludé de magistrale façon à la seconde partie du concert entièrement consacrée à la Symphonie n° 5 en si bémol majeur op. 100 du même Prokofiev. Paavo Järvi et l’Orchestre de Paris, d’une assiduité technique et d’un foisonnement sonore époustouflant, ont donné de la plus spectaculaire des symphonies du compositeur russe qui figure judicieusement au programme des concerts de la tournée au Japon, une lecture bondissante, tendue, aérée, une véritable jubilation de rythmes, de timbres et de fureur - à l’instar du premier mouvement du concerto de Tchaïkovski, une partie du public n’a pu réfréner des applaudissements au terme de l’Allegro marcato.


Bruno Serrou

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